Actualité Science et Technologie du 11 janvier 2021

Comme chaque jour, nous faisons un tour d’horizon de l’actu science et technologie. Vous pouvez retrouver la chronique en version audio en fin d’article.

Des instruments conçus par algorithme qui s’adaptent au style des musiciens

Chaque musique reflète le style et la personnalité de son auteur et de son interprète. Certains sont ainsi capables de reconnaître entre mille le style de Steve Coleman, Charlie Parker ou Maceo Parker, le saxophoniste de James Brown. Et si les instruments de musique avaient eux-aussi leur personnalité ? S’ils étaient capables de produire un son unique et différent selon le style du joueur ?

C’est l’idée de la start-up parisienne Syos (pour Shape Your Own Sound), qui fabrique des becs d’instruments sur mesure. « Vous recherchez un son mat et puissant ? Ou à l’opposé un son brillant, et plutôt centré ? L’acoustique dépend de la forme géométrique à l’intérieur du bec. Nous fabriquons la forme la plus adaptée au son que vous désirez », explique la start-up sur son site.

En fonction des réponses des musiciens à un questionnaire en ligne sur leur façon de jouer et leur style de musique (niveau de pratique, timbre et puissance recherché, marque du saxophone utilisé…), Syos conçoit et imprime en 3D des becs de saxophone à la géométrie personnalisée.

« Nos algorithmes analysent les réponses et les traduisent en données numériques qui vont permettre de réaliser, en quatre à neuf heures, le bec sur une imprimante 3D », explique Pauline Eveno, présidente et cofondatrice de Syos. Réalisés en plastique ABS, les becs sont disponibles en 12 couleurs différentes et s’adaptent à toutes les marques.

Contrairement à la fabrication manuelle, l’impression 3D permet de modéliser en amont le son que donnera la forme de l’instrument, et permet des géométries innovantes. « Nous travaillons au 1/100e de millimètre pour ajuster la forme et la longueur du plafond, le type et la taille de la chambre, l’ouverture du bec, la courbe de facing…, détaille Pauline Eveno. Il existe des milliers de combinaisons possibles et nous étudions et modélisons les effets de chacun des paramètres, afin de prédire le timbre associé à chacune ». Grâce aux retours d’expérience de ses milliers de clients, l’algorithme est ajusté en permanence pour produire un son donné.

Si les becs de Syos ont d’abord été plébiscités par les saxophonistes professionnels, la jeune pousse ne veut pas se cantonner à un marché de niche : « Les becs Syos sont déjà utilisés par de nombreux saxophonistes amateurs, en France comme à l’étranger, qui pratiquent tout type de musique (classique, fanfare, variété, jazz …) », insiste Pauline Eveno. La jeune pousse a produit l’an dernier 3.500 becs dont 80 % destinés à l’exportation.

Le marché à conquérir est énorme : il se vend plus de deux millions de becs d’instruments par an dans le monde. Syos ne compte d’ailleurs pas s’arrêter en si bon chemin. Après les saxophones, elle s’est diversifiée dans les becs de clarinettes et compte étendre son savoir-faire à d’autres instruments. « Nous allons d’abord nous développer sur les cuivres, comme les embouchures de trompette ou de trombones, mais on réfléchit aussi au piano ou à la guitare ». Des projets encore top secret.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.